Le président et candidat Faustin-Archange Touadéra danse lors de son dernier meeting à Bangui, Centrafrique, le 28 décembre 2025 ( AFP / Annela NIAMOLO )
Les électeurs centrafricains ont commencé à voter pour l'élection présidentielle où le sortant Faustin-Archange Touadéra part favori pour un troisième mandat consécutif en se targuant d'avoir stabilisé ce pays abonné aux conflits.
Quelque 2,3 millions d'électeurs sont appelés à voter entre 05h00 et 17h00 GMT pour ces élections à la fois présidentielle, législatives, municipales et régionales.
Escorté par des mercenaires Wagner, des Rwandais et la garde présidentielle, le président Touadéra est arrivé à 11h00 (10h00 GMT) au lycée Boganda pour voter. Salué par quelques électeurs à la sortie, il a appelé à voter "pour permettre à notre pays de se développer, pour permettre à notre pays de retrouver la paix, la sécurité", a-t-il déclaré devant la presse. "C'est un enjeu très important", a-t-il précisé.
Vêtu d'un costume bleu et accompagné de sa femme le principal opposant Anicet-Georges Dologuélé a voté vers 10h00 (09H00 GMT) dimanche matin à l'hôtel de ville de Bangui.
A l'issue de son vote il a résumé son état d'esprit en deux mots "confiance et humilité", en appelant "à voter et à faire le bon choix pour ne pas le regretter demain et pendant les sept prochaines années". Confiant, il a déclaré à la presse: "je reconnaîtrai le choix des urnes, puisque je vais gagner".
Dans la capitale Bangui, les rues étaient calmes. Aux intersections, des véhicules blindés de la Minusca étaient postés. Une forte présence des forces de l'ordre était visible devant les bureaux de vote. Au lycée Miskine, non loin du bureau de vote où le président Touadéra a voté, des hélicoptères survolaient les lieux, et une longue file d'attente s'est formée.
-Situation sécuritaire fragile-
Bien que la situation sécuritaire se soit améliorée depuis la guerre civile des années 2010, elle reste "fragile", selon le président sortant.
Selon plusieurs observateurs, l'armée, soutenue par les mercenaires de Wagner, a repoussé de plusieurs régions les groupes armés rebelles qui avaient perturbé les dernières élections fin 2020.
Julie Odjoubi, 44 ans, enseignante, vêtue d'un pagne rouge orné de feuilles vertes et blanches, est arrivée tôt ce matin. "Il nous faut un dirigeant élu par le peuple, et non quelqu'un qui prend le pouvoir par la force", déclare-t-elle à l’AFP après avoir voté, le pouce de la main gauche teinté d'encre violette.
Côté gouvernemental, tout semble avoir été programmé pour permettre à Faustin-Archange Touadéra (FAT), 68 ans, de l'emporter dès le premier tour.
Élu en 2016 puis réélu en 2020 lors d'un scrutin entaché d'accusations de fraude, il est critiqué pour avoir fait adopter en 2023 une nouvelle Constitution lui permettant de se maintenir au pouvoir.
Une partie de l'opposition boycotte le scrutin, dénonçant une "mascarade" et l'absence de dialogue politique.
Une fresque dépeint le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra (gauche) et le dirigeant russe Vladimir Poutine (droite) se serrant la main sur un mur à Bangui, Centrafrique, le 22 décembre 2025 ( AFP / Annela NIAMOLO )
Sept candidatures à la présidentielle ont été validées, dont deux jugées crédibles face à FAT: Anicet-Georges Dologuélé, le chef de file de l'opposition arrivé second lors des deux dernières élections et considéré comme le principal challenger, et Henri-Marie Dondra, candidat de l'Union Républicaine (UNIR), ancien Premier ministre de FAT passé à l'opposition.
Les résultats provisoires du scrutin présidentiel sont attendus le 5 janvier.
L'Autorité nationale des élections (ANE) affirme avoir accrédité plus de 1.700 observateurs nationaux et internationaux, dont notamment l'Union européenne, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), et 32 de l'Union africaine.
Les scrutins centrafricains clôturent, avec la présidentielle en Guinée organisée le même jour, une année riche en élections sur le continent africain, marquée par une montée de l'autoritarisme et de la répression parfois violente des oppositions et le maintien de nombreux dirigeants déjà en place (Cameroun, Côte d'Ivoire, Tanzanie notamment) à l'issue de votes dont les principaux opposants ont été exclus.
- "Candidat de la stabilité" -
Aujourd'hui, près de 90% du pays est de nouveau sous l'autorité du gouvernement, contre 80% tenu par les groupes armés en 2021, soulignent plusieurs analystes interrogés par l'AFP.
FAT se présente comme le "candidat de la stabilité", en mettant en avant d'autres progrès en plus de la sécurité: des routes ont été bitumées, l'éclairage public installé sur les principales voies et les canaux d'évacuation des eaux de pluie rénovés dans la capitale.
Mais la vie des Centrafricains, dont 71% vivent toujours sous le seuil de pauvreté, reste précaire, avec un manque des services de base, de routes carrossables, un chômage endémique, un taux de formation faible et un coût de la vie de plus en plus élevé.
La signature d'accords de paix avec trois groupes armés cette année, la présence de l'ONU (Minusca) et celle de quelque 2.000 éléments du groupe Wagner présents à la demande du président devraient garantir un scrutin plus apaisé qu'en 2020.
Une coalition de six groupes rebelles s'était formée en marge de la dernière élection présidentielle pour renverser le pouvoir et n'avait été repoussée que grâce à l'intervention de Wagner et de l'armée rwandaise.

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